Coucou tout le monde j’espère que vous allez bien.
Comme vous le savez j’ai caché ma grossesse jusqu’au dernier moment et vous avez été nombreux à me demander pourquoi.
Je vais donc vous raconter une étape difficile de ma vie, qui m’a changée, qui nous a changés et qui va résonner chez beaucoup de femmes et de couples.
Il y a des choses dans la vie que l’on ne maitrise pas, des choses qui nous font mal, et pour lesquelles nous ne pouvons rien faire. Ceux qui me connaissent savent à quel point j’aime tout gérer, savent que l’inconnu et la perte de contrôle m’angoissent. Malheureusement la vie m’a appris que je ne pouvais pas toujours décider, juste laisser le temps faire les choses et espérer.
Nous vivons à une époque où les problèmes de fertilité sont nombreux, et on parle beaucoup de L’endométriose notamment grâce au merveilleux combat de Laetitia Millot et au témoignage de nombreuses personnalités, parmi lesquelles Enora Malagre et Lorie. On nous parle de plus en plus de cette maladie qui brise tant de femmes, de couples, de rêves … Il est important d’informer sur cette maladie, et de rappeler aux jeunes filles qu’il n’est pas normal d’avoir de fortes douleurs pendant les règles, et les rapports.
Consultez le plus tôt possible, ne prenez pas ça à la légère vraiment !
Je ne suis pas touchée par l’endométriose, mais c’est un sujet qui m’intéresse et me touche. Je pense qu’en tant que femmes nous sommes toutes plus ou moins concernées, et malheureusement d’autres maladies et syndromes existent et viennent chambouler votre vie de femme et entraver le rêve d’être parents.
C’est ce que j’ai appris en septembre 2017.
Après 1 an sans contraception il est conseillé de consulter. C’est donc ce que j’ai fait, 11 cycles après l’arrêt de ma pilule. Au début mon mari me disait d’être patiente … mais je n’ai pas voulu l’écouter et j’ai contacté une clinique spécialisée dans les problèmes de fertilité : IVI Barcelona.
Les résultats tombent rapidement : tout va bien pour mon mari, en revanche on m’annonce que je souffre du syndrome des ovaires polykistiques.
WTF ?
Je n’ai jamais entendu parler de ça, et je suis sûre que vous êtes nombreux à ignorer ce dont il s’agit. Pour faire simple, c’est un déséquilibre hormonal qui perturbe les cycles et l’ovulation. Cela touche environ 10% des femmes et il n’y a pas vraiment de traitement, c’est un syndrome chronique.
Bien sûr on peut vous proposer des solutions pour limiter les symptômes (acnés, prise de poids, pilosité excessive, ovulation irrégulière …) mais ce syndrome s’exprime à des degrés différents et des intensités différentes, ce qui rend difficile les avancées médicales.
Pour la première fois je comprends les raisons de mes cycles totalement irréguliers, et de mes « difficultés » à tomber enceinte. Je mets cela entre guillemets parce que je sais que 11 cycles ce n’est rien comparé à celles qui attendent depuis des années.
J’ai eu la chance dans ce « malheur » d’être à faible niveau d’OPK, et d’avoir quand même des chances de tomber enceinte naturellement. Il fallait juste de la patience, car j’avais un pourcentage de chance beaucoup plus faible qu’une femme « normale » d’ovuler correctement chaque mois.
Autant vous dire tout de suite qu’étant d’un naturel pessimiste, j’avais déjà perdu tout espoir de concevoir naturellement mon premier enfant. Le ciel me tombait sur la tête et j’étais vraiment dépitée.
Ma gynéco m’a parlé de stimulation ovarienne, d’insémination artificielle et de FIV, tout en me disant qu’une grossesse naturelle n’était pas impossible. Nous avons donc fait le choix d’essayer naturellement jusqu’au mois de décembre avant d’entrer dans un parcours PMA.
La chance m’a souri et un mois après ce diagnostic, mon test de grossesse s’est révélé positif.
Quelle joie !
Je ne vous explique même pas qu’après 12 cycles d’attente, la plus belle chose venait de nous arriver.
Le bonheur fut de courte durée puisqu’à 7SA, un mercredi de décembre, alors que nous sommes en week-end à Paris, j’ai perdu du sang et j’ai vite compris que l’aventure se terminait ici. Parce que oui les OPK peuvent entrainer des fausses couches.
On est jamais préparé à cette épreuve, alors que cela touche 1 femme sur 4, on ne nous en parle pas, on ne nous explique pas, ce sujet est encore tabou et ce n’est pas normal.
Cette épreuve a été la plus douloureuse de ma vie et même encore aujourd’hui j’ai du mal à en parler. J’ai fait le choix de garder ça pour moi, de ne pas me confier, même à mes amies les plus proches, parce que je n’aime pas me plaindre, faire de la peine …
Alors pour toutes les femmes qui ont vécu ça, ou qui le vivent actuellement, sachez que je comprends, que je ressens votre douleur.
On se sent vide, nulle, on ne comprend pas pourquoi cela nous arrive à nous, on cherche des raisons, des explications … qui n’arrivent jamais.
Le pire dans tout ça c’est la décision à prendre entre curetage et médicaments. On n’a juste pas envie de choisir comment « évacuer » notre bébé !!
J’ai choisi les médicaments et je peux vous dire que chaque jour qui passait était un cauchemar, savoir qu’il n’y avait plus de vie en moi, que je devais attendre que le « travail » se fasse…
2 jours après la prise des médicaments rien ne se passait, ma gynéco m’a prescrit 2 comprimés supplémentaires, et ce soir-là les premières « contractions » ont commencé. J’avais peur, peur d’avoir mal, peur de vivre ça, peur de voir tous ce sang … et c’est dans des moments comme ça qu’on se découvre soi-même.
Je me suis battue, j’ai géré la douleur, j’ai pris sur moi, et quand j’ai su que tout était « parti » j’étais complément lessivé. Physiquement, moralement … Je ne souhaite ça à personne … à partir de là ma vie, notre vie a changé à tout jamais !
Les médecins et le corps médical devraient être plus humains, ne pas oublier que nous sommes des femmes avant tout, des êtres humains et non pas simplement des patientes, des numéros de dossier. La façon dont on m’a annoncé l’arrêt de l’activité cardiaque était tellement froide, tellement médicalisée … jamais je n’oublierai cette soirée. Ils devraient penser aux femmes qui sont en face d’eux, à leurs douleurs, leur tristesse, même si pour eux les fausses couches sont des choses quotidiennes, et qu’ils ne considèrent cela comme problématique qu’à partir de la 3eme, il faudrait un meilleur suivi des patientes, les aider, les épauler, c’est un moment vraiment compliqué qu’il ne faut pas prendre à la légère.
J’ai également une famille en or, un mari présent, à l’écoute. Ils ont tout fait pour m’apaiser, me remonter le moral … Je sais qu’en règle générale la famille et les proches veulent bien faire, être présent … mais des fois, ils commettent des maladresses qui nous touchent bien plus qu’ils ne le pensent … du genre : « ce n’est pas grave tu es jeune », « vous avez le temps », « vous y arriverez » … c’est un moment tellement triste, que rien ne nous remontera le moral !
Peu importe le terme de la fausse couche, la douleur est grande, alors on ne veut pas non plus entendre « vaut mieux que ce soit maintenant que plus tard dans la grossesse » …
La fausse couche est encore un sujet trop tabou, je ne sais pas si c’est du a de la pudeur, de la honte ou simplement le fait d’être trop désemparée et triste pour en parler … Une chose est sûre faite votre travail de deuil à votre rythme, à votre façon, mais sachez que la parole est libératrice, cela peut vraiment faire du bien.
Bref …
Les mois qui ont suivi cette fausse couche ont été très difficiles. Même si j’essayais de sourire, de continuer ma vie, de relever la tête, chaque mois au moment d’avoir mes règles, la fausse couche revenait me gifler en pleine face ! Mon mari a été d’un soutien sans faille, il me laissait pleurer, m’écoutait, me réconfortait. Je savais que pour lui aussi c’était difficile je ne l’avais jamais vu aussi tourmenté … Mais on a fait face ensemble, on avançait à notre rythme on reprenait espoir tout doucement.
On s’était donné jusqu’en aout, soit 6 mois. 6 mois avant de commencer des traitements, un parcours PMA …
Il a cette qualité d’être positif, de se battre … j’en avais besoin parce que plus les mois passaient, plus je perdais espoir, croyez-moi le temps est long quand vos mois sont rythmés uniquement par l’attente (ou non) de vos règles !
J’ai tout essayé pour favoriser l’ovulation, réguler mes cycles : je buvais des graines de lin avec de l’eau, je faisais du yoga, j’ai diminué le sport …
Et au mois de juillet, donc le dernier mois avant la date fatidique qu’on s’était fixé, c’était la déprime.
Je fête mes 25ans le mois où j’aurais dû accoucher de ma 1ère grossesse, et je suis au bout du bout. Je suis déjà en train de penser au mois d’août et à toutes les démarches qui nous attendent. Aux traitements, aux piqûres, aux examens … bref j’ai peur, j’appréhende et je n’ai pas envie de passer pas là, je ne suis pas encore prête.
On rentre de vacances, la vie reprend son court, et un matin avant d’aller faire une grosse séance cardio, je vois un test de grossesse non utilisé dans ma salle de bain. N’ayant eu qu’un seul jour de règle, je me dis allez fait-le, histoire de ne prendre aucun risque au cas où …
J’étais sûre d’être encore déçue…
Et là SURPRISE, nous sommes le 19 juillet, la veille des 25 ans de Lucas, et mon test est positif !!!
Je n’y crois pas, il affiche une grossesse de 2-3 semaines ! Je suis choquée, tellement heureuse, mais déjà stressée à l’idée de ce qu’il peut encore se passer.
J’attends le retour de mon mari toute la matinée … et croyez-moi, quand il rentre il ne s’attend pas du tout à cette nouvelle !
Une fois encore nous sommes les plus heureux du monde. Le destin a bien fait les choses, et rien que pour ça je remercie le foot et ses aléas !!! Il n’a pas été sélectionné pour la CDM, mais dieu merci, le destin avait un plan, et avait prévu tellement mieux pour nous !
Nous prenons rendez-vous pour une prise de sang, le taux HCG est bas, je dois en refaire une 48H après. Autant vous dire que les mauvais souvenirs nous reviennent, l’excitation retombe, et à partir de là on espere juste ne pas avoir à revivre une fausse couche.
La seconde prise de sang est positive et annonce une grossesse évolutive.
Les semaines passent, le stress augmente en approchant de la date de mon ancienne fausse couche.
A mon retour de Marrakech, à 6SA + 4 j’ai rendez-vous chez mon gynéco de Barcelone pour une échographie précoce.
Le gynéco m’annonce que la taille de l’embryon est normale, que tout semble parfait … vient le moment d’écouter le cœur … j’ai envie de disparaitre, de mettre mes écouteurs pour ne pas avoir à vivre une nouvelle déception, … et la BAM BAM BAM BAM … J’entends son petit cœur et pour la première fois depuis longtemps je me sens apaisée.
A 9SA+5 à Manchester nous avons rendez-vous pour une seconde écho de contrôle. Lucas est serein moi un peu moins (comme d’hab.). Le médecin est génial : doux, gentil, à l’écoute … La consultation se passe très bien, on a même vu le petit embryon bouger, trop chou !!!
C’est vrai que j’attends avec impatience de l’avoir dans mes bras, il n’y a qu’à ce moment-là que je serai vraiment sereine. Mais en attendant j’essaye de me détendre, d’y croire, je crois en mon bébé et en la vie et je suis la plus heureuse.
Je voulais partager avec vous mon expérience, pour vous dire qu’on est nombreuses dans ce cas, qu’on n’est pas seules à se battre et que l’amour et l’espoir triomphent toujours. Je voulais vous rappeler de ne jamais baisser les bras, de rester un couple soudé et de toujours croire en la vie.
J’ai vécu une année difficile, on a vécu une année difficile, et j’ai finalement eu la chance de tomber enceinte naturellement, je sais que pour certains le combat sera plus long, plus compliqué … que la PMA n’est pas facile à vivre, mais accrochez-vous, c’est plus facile à dire qu’à faire je le conçois totalement, mais le bonheur vous sourira, tôt ou tard !! Vous êtes toutes des battantes et votre force intérieure vous poussera au bout !!!